Ce récit aurait pu être l’histoire de la guérison miraculeuse d’un aveugle. Tous les évangiles font mention à un moment ou à un autre, et parfois plusieurs fois, d’un récit où Jésus ouvre les yeux d’un aveugle ou de plusieurs. On peut penser à Bartimée, l’aveugle de Jéricho (Mc 10) ou celui, anonyme, de Bethsaïde (Mc 8) ou ces duos de non-voyants chez Matthieu (Mt 9&20) soit au total, avec Luc, sept récits de guérison d’aveugle. Sans compter ces remarques des évangélistes, comme en Lc 7,21 : À cette heure-là, Jésus guérit beaucoup de gens de leurs maladies, … et à beaucoup d’aveugles, il accorda de voir. L’aveugle-né constituerait le huitième récit… un de plus, une histoire quasi-banale somme toute ?

Mais chez Jean, ce récit est quand même des plus singuliers. D’une part le miracle se produit à la suite d’une question des disciples (et non de la demande de l’homme). D’autre part, l’ensemble du récit développe davantage la défense de cet homme guéri face à ses détracteurs, que la rencontre avec Jésus. L’aveugle guéri est même le héros solitaire de notre péricope. Seul contre tous.