Faites cela en mémoire de moi

Les enfants, êtes-vous prêts à obéir à Jésus ? Il ne nous a pas donné beaucoup de commandements. Il y a d’abord celui que nous connaissons bien : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13,34). Et il y a celui que nous venons d’entendre : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » En communiant pour la première fois ce matin, vous allez donc obéir à Jésus. Il existe 3 sortes d’obéissance : la première est fondée sur la peur, la seconde sur la paresse, la troisième sur l’amour. Selon la première, on obéit afin d’éviter d’être puni. Selon la seconde, on obéit pour éviter de trop réfléchir et de prendre le risque d’assumer sa liberté. Selon la troisième, on obéit pour faire plaisir. Lorsque vos parents vous demandent de rendre service, pour mettre la table par exemple, vous pouvez leur obéir parce que vous savez que sinon, vous serez privés de dessert ou de jeux vidéo, ou parce que vous êtes en train de vous ennuyer et que cela va vous permettre de passer le temps. Mais vous pouvez aussi leur obéir parce que vous savez qu’ils ont eu une journée fatigante et que cela leur permettra de se reposer un peu. Les adultes peuvent obéir aux lois soit pour éviter une amende ou une peine de prison, soit parce que ça leur évite de se poser des questions, soit pour favoriser le bien commun dans la société. De même, on peut obéir au commandement de Jésus soit pour éviter d’avoir mauvaise conscience[i], soit par pure habitude, soit par amour. J’espère de tout cœur que vous viendrez chaque dimanche à la messe avec joie et que vous y participerez de votre être. Si le Seigneur vous y invite, c’est parce qu’Il vous aime, et parce qu’Il désire votre amour. Amour de qui ? De Jésus, de l’Eglise, et du monde.

 

Premièrement, nous sommes appelés à participer à la messe d’abord par amour de Jésus. Certains chrétiens participent ou non à la messe en fonction du prêtre ou en fonction de l’animatrice de chant. Certes, le célébrant joue un rôle important, il représente Jésus et c’est pourquoi il doit bien préparer ses homélies et l’ensemble de la liturgie, et plus profondément se convertir sans cesse. Certes, l’animatrice de chant est importante parce que la musique aide les croyants à se tourner vers le Seigneur, et c’est pourquoi elle et la chorale (s’il y en a une) doivent bien se préparer. Tant mieux si l’on peut participer à une messe avec un prêtre et une animatrice de chants que l’on aime bien. Mais c’est parfois impossible, notamment dans certaines régions. Dans ces cas-là, le fait de participer à la messe fait encore plus plaisir à Jésus parce qu’on lui montre qu’on vient vraiment pour lui. Et on peut toujours profiter de la messe en priant, en écoutant bien les lectures, la prière eucharistique…

Si Jésus souhaite venir en nous, c’est parce qu’il désire ne faire plus qu’un avec nous. Et comment ne pas aimer celui qui a donné sa vie pour chacun d’entre nous, au point de livrer son corps écartelé sur une croix et d’y verser son sang. La messe est à la fois un repas où je refais mes forces spirituelles et un sacrifice où je suis appelé à m’offrir à Dieu comme il s’est offert à moi. Si vous ne mangez pas plusieurs fois par jour, votre corps sera faible et vous manquerez de force pour vivre. Si vous ne communiez pas tous les dimanches, votre âme sera faible et vous manquerez de force pour aimer et vivre selon l’évangile.

Saint Philippe Néri aimait tellement Jésus que lorsqu’il célébrait la messe, il tombait souvent en extase. C’est pourquoi il mettait son chat sur l’autel afin de le ramener à la réalité… Thérèse, elle, a écrit à propos de sa 1° communion : « Ce fut un baiser d’amour, je me sentais aimée, et je disais aussi : ‘Je vous aime, je me donne à vous pour toujours’… Ils n’étaient plus deux, Thérèse avait disparu, comme la goutte d’eau qui se perd au sein de l’océan. Jésus restait seul, Il était le maître, le Roi »[ii].

 

Deuxièmement, nous sommes appelés à participer à la messe par amour de l’Eglise. Le Corps eucharistique de Jésus et son Corps ecclésial sont parfaitement liés, à tel point que le Ressuscité a demandé à Paul : « pourquoi me persécutes-tu ? » (Ac 9,4) Nous ne venons pas à l’église comme dans un supermarché où chacun peut se servir comme il le souhaite, mais comme dans une famille où nous sommes solidaires les uns des autres. Imaginez une famille où il n’y a pas de repas commun, mais où chacun vient se servir dans le frigo et au micro-ondes lorsqu’il en a envie. Venir à l’église à tout moment de la semaine et de la journée pour prier ou déposer un cierge, c’est très bien, mais ça ne remplace pas la messe dominicale où nous nous rassemblons tous. Nous y sommes unis par la prière, mais aussi par le geste de paix, et ensuite par les échanges que nous pouvons avoir sur le parvis, que ce soit avec ou sans un verre dans la main.

Au temps de l’Empire Romain, quand les chrétiens étaient persécutés, saint Tarcisius, qui avait à peu près votre âge, a offert sa vie par amour de Jésus et de ses frères chrétiens. Alors qu’il était parti pour donner l’eucharistie à ceux qui étaient emprisonnés, et que les gardes de la prison voulaient l’obliger à lâcher l’hostie consacrée qu’il tenait sur son cœur, au point de finir par le lapider, il a tenu bon jusqu’à la mort. Il nous rappelle que le véritable amour est une Alliance, comme celle Dieu que Dieu a conclue avec Moïse et son peuple, et dont le sang était le signe (1° lect.)… Lorsqu’on aime le Christ, on aime aussi son Corps. Sainte Jeanne d’Arc a dit à ses juges : « le Christ et l’Eglise, c’est tout un ». Et la petite Thérèse a écrit à propos de sa vocation : « dans le cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’Amour ». Aimer le Christ mais pas l’Eglise, c’est comme dire à quelqu’un : je t’aime, mais seulement avec ton esprit, pas avec ton corps. C’est bien le danger qui guette certains sur les réseaux sociaux…

 

Troisièmement, nous sommes appelés à participer à la messe par amour du monde. L’Eglise est la seule institution qui cherche autant le bien de ceux qui sont à l’extérieur que celui de ses membres. Beaucoup d’êtres humains autour de nous souffrent de la maladie, de la solitude, de la guerre, de la violence… Nous ne pouvons les abandonner, nous devons leur témoigner de la bonne nouvelle d’un Dieu qui nous aime et qui a donné sa vie pour chacun d’entre nous ! Nous devons faire nôtre la parole de Dieu à Moïse : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau et vaste pays » ! C’est le sens de l’envoi, à la fin de la messe : « allez dans la paix du Christ ». Allez témoigner de l’évangile auprès de vos frères, et servez-les comme le Christ nous a servis !

A la suite de Mère Teresa, les missionnaires de la Charité placent au cœur de toutes leurs journées la messe et l’adoration du Saint Sacrement. Ainsi fortifiées, elles peuvent aller servir les pauvres dans des conditions qui pourraient sembler insupportables à d’autres.

 

Ainsi, les enfants, entendez bien l’appel de Jésus aussi souvent que vous le pourrez, et obéissez-y par amour. Et dans cet esprit, dites-lui souvent MERCI (c’est le sens du mot « eucharistie »). MERCI de nous avoir donné la vie ! MERCI de nous avoir sauvés du péché et de la mort ! MERCI de nous donner ton Esprit Saint qui nous transforme pour te ressembler ! MERCI pour nos parents et grands-parents, nos parrains et marraines, nos catéchistes qui nous ont transmis la foi en toi ! Et lorsque vous le pourrez, n’hésitez pas à prendre des temps d’adoration de Jésus présent dans le Saint Sacrement, soit dans le tabernacle, soit exposé à nos regards. C’est ainsi que vous deviendrez capable de donner avec Jésus votre vie, jour après jour, pour la gloire de Dieu et le salut du monde !

P. Arnaud

[i] Dans le passé, certains se demandaient notamment à partir de quel moment on pouvait participer à la messe pour qu’elle soit « valide » : à partir de la 1° lecture ? A partir de l’évangile ?…

[ii] « Ce fut un baiser d’amour, je me sentais aimée, et je disais aussi : ‘Je vous aime, je me donne à vous pour toujours’. Il n’y eut pas de demandes, pas de luttes, de sacrifices ; depuis longtemps, Jésus et la pauvre petite Thérèse s’étaient regardés et s’étaient compris… Ce jour-là ce n’était plus un regard, mais une fusion, ils n’étaient plus deux, Thérèse avait disparu, comme la goutte d’eau qui se perd au sein de l’océan. Jésus restait seul, Il était le maître, le Roi. Thérèse ne lui avait-elle pas demandé de lui ôter sa liberté, car sa liberté lui faisait peur, elle se sentait si faible, si fragile que pour jamais elle voulait s’unir à la Force Divine ! »